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quoique avec un peu de peste encore, a été bien visitée par nous. Mais nous avions une vingtaine de gardes faisant d’avance écarter tout le monde des rues et vider les Saints-Lieux. Le gouverneur de Giaffa et celui de Jérusalem ont rivalisé d’empressement et d’obligeance. Aucun prince ne voyagerait plus comblé d’égards et de soins.

Nous ne sommes entrés qu’une matinée dans la ville. Nous n’y rentrons plus. Nous ne communiquons avec personne. Nous irons demain faire dire une messe et dévotions dans la grotte des Oliviers à Getsemani. Nous avons acheté des objets. Si tu reçois une caisse, n’ouvre pas et tiens-la dehors de la maison.

Ecris-moi à Caïpha et à Saïde encore.


Jaffa, 27 au soir[1].

Nous arrivons ici en bonne santé ; nous y restons la journée d’au jour d’hui pour nos visites, comptes, etc. Demain après la messe, nous repartirons pour la route de Beyrouth. J’espère en chemin trouver de vos bonnes nouvelles. Les nôtres sont toujours excellentes. J’ai renoncé aisément à l’Egypte et j’ai bien fait, car j’apprends que les quarantaines viennent d’y être portées à quarante-cinq jours.

Toujours à revoir et à embrasser vers le 6. Je désire, si vous allez bien, avoir un mot de toi à Saïde et donner une demi-journée à lady Stanhope en passant pour la remercier.

Nous avons passé une journée sainte et paisible à Jérusalem depuis mes lettres et uniquement prié pour vous, Julia, et nos amis de France et d’Europe.


Saïde, vendredi 2 novembre, soir.

Nous arrivons tous bien portans, nous avons les excellentes nouvelles de toi et de Julia par ta lettre du 27 et par M. Conti ; on m’assure que vous êtes à Antoura : si cela est vrai, ne te dérange pas, jouis du bon air. Nous irons te voir. Puisque vous n’êtes pas à Beyrouth et que tout va bien, je vais demain faire ma visite à lady Stanhope pour n’avoir pas à revenir et à perdre quatre jours plus tard. Ainsi nous n’arriverons à Beirouth que lundi vers onze heures ou plutôt dix heures du matin. Comme je crains l’émotion de Julia au moment de l’arrivée, si vous étiez ce jour-là lundi à Beyrouth, envoie-la promener chez M. Jorelle pour deux ou trois heures, et puis, en revenant, elle nous trouvera tout établis, et en attendant prépare-la tout le jour à nous revoir comme une chose toute naturelle. Adieu, je brûle d’envie de t’embrasser, mais ne perds pas pour cela de beaux jours à Antoura ! J’irai. J’amène des chevaux charmans. Mille baisers à vous et amitiés à Capmas.


Relisons maintenant, au second volume du Voyage en Orient, le « Voyage de Beyrouth à travers la Syrie et la Palestine

  1. Mme de Lamartine à Beyrouth. — Recommandé aux bontés de M. Guys.