Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/913

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III

Dans un discours prononcé, au courant de la dernière semaine de janvier 1908, à l’Université de Colombie à New-York, M. James G. Cannon, président du comité de la chambre de compensation, s’exprimait comme suit :

« J’appartiens à ce groupe de banquiers dont le nombre va croissant et qui considèrent que les certificats de chambres de compensation, convenablement employés, nous donneront la solution de nos difficultés. Nous n’avons pas besoin, dans ce pays-ci, de plus de monnaie d’une façon permanente ; mais il nous faut une élasticité qui nous permette de faire face à des crises comme celle que nous venons de traverser. Les réserves des banques de province sont en général déposées dans les grands centres monétaires, desquels elles dépendent donc pour le surplus de monnaie dont elles peuvent avoir besoin. Je voudrais que, dans chaque ville où existe une sous-trésorerie d’Etat, la chambre de compensation fût une institution légale, autorisée à traiter avec le gouvernement fédéral. D’avance, des billets des Etats-Unis constituant une circulation pour temps de crise seraient gravés en grandes quantités et conservés dans les sous-trésoreries. Le trésorier fédéral serait autorisé à recevoir en garantie les certificats des chambres de compensation qui en feraient la demande et à délivrer en échange ces billets de crise jusqu’à concurrence de 50 pour 100 du montant des certificats ; ces avances porteraient intérêt au taux de 6 pour 100 l’an. Cette circulation coûterait très cher aux banques, qui payent en général un intérêt d’au moins 6 pour 100 pour obtenir ces certificats des chambres de compensation. Celles-ci répartiraient parmi leurs membres cette circulation de crise, qui serait ensuite retirée et remboursée en monnaie légale, comme le sont aujourd’hui, lors de leur retour, les billets des banques nationales. »

Nous avons cité en entier ce passage de la proposition d’un banquier de grande expérience, qui voudrait créer pour les temps difficiles un instrument monétaire spécial et l’obtenir en transformant les certificats de chambres de compensation, grâce à l’intervention du Trésor, en un billet d’Etat. Peu de jours après, le 3 février 1908, M. Paul M. Warburg, l’un des chefs de la