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de 1907. Non seulement la quantité de certificats émis, le nombre des chambres de compensation qui les ont autorisés ont augmenté beaucoup ; mais le gouvernement considère que le service rendu était tel qu’il y a lieu d’examiner si, à côté des espèces, du billet d’État et du billet de banque, il ne convient pas de faire dans la circulation une place définitive à ces instructions de paiement. En dernière analyse, la différence qui les sépare du billet de banque est la suivante : le billet de banque, en tant qu’il n’est pas une représentation directe des espèces reposant dans les caves de l’établissement émetteur, repose sur un actif composé de lettres de change, d’effets commerciaux à court terme, qui ne sont autre chose que l’engagement pris par des particuliers ou des sociétés de payer à date fixe des sommes déterminées ; aux États-Unis, il est gagé directement et uniquement par des rentes fédérales. Les certificats des chambres de compensation sont parfois garantis aussi par des traites, mais le plus souvent par des valeurs mobilières, des obligations émanant de gouvernemens ou de sociétés industrielles, notamment de compagnies de chemins de fer. Souvent les débiteurs de ces obligations jouissent d’un crédit supérieur à celui des souscripteurs ou accepteurs de lettres de change. Mais l’échéance en est lointaine, quand par exemple les obligations sont remboursables, au cours d’une longue suite d’années, par tirages au sort, ou indéterminée, lorsqu’il s’agit de rentes perpétuelles. Le propriétaire du titre n’a droit qu’au paiement régulier des intérêts échus, mais ignore l’époque à laquelle le capital sera exigible. Au point de vue de la rentrée du principal, il est donc dans un état d’infériorité par rapport au porteur de l’effet commercial. Mais cette infériorité est corrigée, dans une très large mesure par l’existence des Bourses modernes, c’est-à-dire de marches de valeurs mobilières, où celles-ci s’échangent quotidiennement et se transforment, à la volonté de leurs détenteurs, en monnaie.

Il est vrai que les prix sont variables et que la quantité de monnaie obtenable, c’est-à-dire le cours des titres, diminue en raison de l’intensité de la crise et de la rareté du numéraire. Toutefois, plus la qualité d’une obligation de ce genre est bonne, et moindres sont les variations auxquelles elle est sujette : il est, pour ainsi dire, sans exemple qu’un titre de premier ordre ne trouve pas acheteur, et il suffit de n’avancer qu’une certaine proportion de la somme représentée par la cote de la valeur