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étaient payés de 700 à 800 francs (1368) ; le duc de Bourgogne en pensionnait une douzaine sur le pied de 750 francs par an au XIVe siècle et de 560 francs au siècle suivant. Il est curieux en effet de noter que ces allocations diminuèrent beaucoup depuis la guerre de Cent ans jusqu’à la Renaissance, sans que, d’ailleurs, la politique ni l’état matériel du pays y fût pour rien.

Seulement, à la « matricule » du Parlement, ce que nous appelons aujourd’hui le « tableau » de l’Ordre, étaient inscrits seulement 50 avocats au commencement du XIVe siècle. Leur nombre s’accrut beaucoup dans la seconde moitié du XVe siècle où, comme dit Loysel, il commença à « provigner ; » en 1562, il dépassait 400. Quatre cents avocats pour le Paris de 1562, qui ne comptait sans doute pas plus de 200 000 âmes, cela équivaudrait à 5 200 pour le Paris de 1908, peuplé de 2 600 000 habitans.

Or, notre capitale n’en possède aujourd’hui que 1 200 et, quoique le ressort de sa cour d’appel soit beaucoup moindre que celui de l’ancien Parlement et que nos pères fussent beaucoup plus processifs que nous, ces avocats si abondans, qui manquaient d’ouvrage, durent, par leur multiplicité même, faire baisser les tarifs. Les avocats des ducs d’Orléans, au lieu de 680 francs de pension en 1389, ne reçurent plus que 270 francs en 1445 ; celui du comte d’Angoulême, père de François Ier, était payé 320 francs (1480) ; celui de la comtesse de Clermont, « licencié ès-lois et ès-décrets, » n’a que 250 francs (1514) et celui de la ville de Lyon n’a que 65 francs en 1582, tandis que son prédécesseur, cent soixante ans plus tôt, avait, comme on vient de le dire, quatre fois autant.

Un jurisconsulte éminent pouvait accroître son pécule en cumulant de riches clientèles : Jean Simon était à la fois avocat du Roi, du Duc d’Orléans et du cardinal d’Avignon, Alain de Coëtivy ; il pouvait obtenir des gages exceptionnels, comme Guillaume du Brueil à qui les capitouls de Toulouse servent un traitement de 2 500 francs (1338). Malheureusement, ces traitemens n’étaient pas payés avec une grande régularité : l’avocat devait souvent plaider pour faire financer des cliens distingués, mais récalcitrans.

Les avocats n’avaient pas moins pullulé en province qu’à Paris, si l’on en juge par leur effectif au XVIIe siècle, en des villes comme Périgueux où ils étaient 36, Vitry-le-François, où ils étaient 40, et Cahors où ils étaient 106. Ils ne paraissent ni plus