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POÉSIES


A SULLY PRUDHOMME
Salut et Adieu
I

AU QUARTIER LATIN

En écoutant ses premiers poèmes.


Comme une vierge prête aux douceurs du baiser
Qui s’agite au hasard sur la terre inconnue,
Demandant aux grands bois, à la mer, à la nue,
L’amant, le bel amant qui saura l’apaiser,

Sur des gouffres d’ennui trop longtemps suspendue,
Se débattait hier notre Jeunesse en deuil.
Cherchant dans l’ombre sourde une main étendue
Pour remonter au jour de son premier orgueil.

Le ciel n’est pas fermé : Dieu peut toujours descendre
Lorsque j’ai pu te voir, lorsque j’ai pu t’entendre,
Comme un arbre au printemps mon être a frissonné.

Un éclair d’espérance a calmé la tempête,
A cet appel viril j’ai redressé la tête :
Cueillez tous les lauriers, notre poète est né !

Café de Buci, 24 juillet 1862.