Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/900

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consommation, comprenant 641 549 membres, et dont le chiffre d’affaires, au cours de la dernière année, a été de 191 012 000 francs. Sur ces 2 166 sociétés, 749 ont pour objet principal la vente des denrées d’épicerie ; 392, la vente simultanée de l’épicerie et du pain, plus rarement de la viande. Il y a en outre 836 boulangeries, 81 brasseries, 24 boucheries, 14 restaurans, 40 associations vinicoles et 30 magasins de charbon.

Dans leur ensemble, les 1 141 sociétés des deux premières catégories[1], c’est-à-dire les sociétés de consommation proprement dites, comptent 426 761 membres, et ont fait 145 044 100 francs d’affaires, soit 340 francs environ par membre et par an.

Les 836 boulangeries coopératives ont 176 166 membres, et ont fait 32 931 800 francs d’affaires, soit environ 187 francs par membre.

La situation, accusée par ces résultats, peut se résumer ainsi : un coopérateur français, en moyenne, dépense un peu moins d’un franc par jour dans son magasin coopératif, ou 0 fr. 50 centimes dans sa boulangerie ; et la coopération ne touche, on pourrait dire n’effleure, que le quinzième de la population française[2].

Il n’y a à proprement parler, que quatre départemens où les sociétés coopératives tiennent une place sérieuse dans les

  1. Un certain nombre de ces sociétés vendent aussi des tissus, des vêtemens confectionnés, des chaussures, des coiffures, et diverses marchandises connues sous le nom d’« articles de bazar. »
  2. Les chiffres de la statistique officielle ne doivent être acceptés qu’à titre d’indication. Donnés le plus souvent sous une forme « ronde, » pour les sociétés les plus importantes, ils ne sont pas seulement dénués de précision, ils sont parfois considérablement erronés ; et j’ai pu le constater par un examen attentif des bilans que les sociétés m’ont fournis. Tantôt, c’est le nombre des adhérens qui est soustrait du nombre total des consommateurs ; tantôt, c’est le montant des achats effectués par les membres auprès de fournisseurs agréés qui est confondu avec celui des véritables affaires du magasin coopératif. Ainsi, l’Egalitaire, de Paris, est mentionné avec 5 500 membres, tandis qu’il en a en réalité 6 378 ; et le fait est d’autant plus anormal que les 12 084 adhérens de l’Association des employés civils sont au contraire ajoutés à ses 8 008 actionnaires. L’Union P.-L.-M. du XIIe arrondissement figure dans la statistique avec trois millions d’affaires par an ; en réalité, d’après le renseignement que m’a communiqué le secrétaire, le chiffre de ses ventes ne dépasse pas 200 000 francs. Toujours suivant le Bulletin de l’Office du Travail, le montant annuel des affaires de l’Association des employés civils s’élèverait à 8 millions de francs ; or, il a été exactement, en 1906, de 5 271 758 francs ; et même, en y ajoutant le chiffre des achats sur remises, effectuas par les membres auprès des fournisseurs agréés, soit 1 850 495 francs, il y aurait encore une erreur de près d’un million.