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empruntés ailleurs, donnent la somme des énergies polonaises. Ils sont comme le coefficient d’action de choses qui ne s’achètent ni ne se vendent : les idées et les sentimens d’un peuple résolu à persévérer dans son essence historique.

La Commission de colonisation a son siège à Posen. Elle se compose des deux présidons supérieurs des provinces de Posnanie et de Prusse occidentale ; de cinq commissaires délégués par le président du Conseil des ministres, les ministres de l’Agriculture, de l’Intérieur, des Finances et de l’Instruction publique ; de huit membres nommés pour trois ans par le Roi, au nombre desquels se trouvent le président de la « Commission générale » de Bromberg et le directeur de la Landschaft de Posen. Les autres sont de grands propriétaires de l’Est. Jusqu’en 1891, l’Ansiedlungscommission eut à sa tête le président supérieur de Posnanie. Depuis, elle a un président particulier, qui est aujourd’hui M. Blomeyer. Elle forme une vaste administration qui compte près de 600 fonctionnaires, conseillers de gouvernement, conseillers techniques, employés subalternes. Les services se divisent en trente offices, dont dix sont des offices techniques. C’est à la Commission qu’incombe la charge de choisir les terres propres à la colonisation, de les administrer jusqu’à la vente, de les améliorer, de les morceler, d’y installer les colons, de leur fournir des habitations ou de les aider à les construire à leur guise, de garder enfin la haute main sur une entreprise « nationale. »

Pour acheter les terres, elle ne procède pas à la manière de tel riche industriel de Berlin partant pour la croisade, la sacoche pleine d’argent, parcourant à cheval ou en voiture les Marches de l’Est, jetant son dévolu sur un bien et s’en rendant acquéreur au prix fixé par l’élévation de ses sentimens « patriotiques. » Elle a des princes directeurs, une politique des achats. Soumise, d’une part, à la loi de l’offre et, d’autre part, entravée par L’esprit de la loi de 1S86, qui l’engageait à ne pas convoiter les propriétés allemandes, elle tâtonna dans ses débuts, forma des îlots au cœur des contrées polonaises. C’était faire œuvre sur le sable mouvant. L’expérience fournit bientôt les règles selon lesquelles ont été acquises la plupart des terres colonisées. La Commission a opéré surtout dans les cercles où la population allemande et polonaise est très mêlée, de manière à donner la prépondérance à l’élément allemand dans les assemblées