clairement ainsi : Est-ce la Prusse qui doit prussianiser l’Allemagne, ou l’Allemagne qui doit germaniser la Prusse ? Le concept national de Deutsche Kultur, battu par le flux et le reflux des idées du Nord et du Sud, se dissocierait nous verrons apparaître, au milieu du remous des opinions émises sur la question polonaise, deux méthodes opposées d’expansion germanique, l’une voulant opérer par la force, l’autre par le rayonnement des idées. Les véritables compatriotes des grands esprits qui comptent dans l’histoire de la civilisation, dont aucun n’est issu du sol prussien, — Kant lui-même étant né par hasard à Kœnigsberg et se réclamant d’un grand-père écossais, — protesteront contre certaine manière de réaliser « l’identité des contraires » et se refuseront à voir dans cette parole du chancelier : « Nous vivons sur cette dure terre où il faut être enclume ou marteau, » une nécessité d’ordre métaphysique et encore moins une vérité politique. Enfin, la Prusse féodale se lèvera comme un seul homme pour défendre contre une Prusse nouvelle, parvenue depuis peu à la richesse et au pouvoir, sa conception de la propriété terrienne, de formation historique lente et toujours solidaire des destinées de la patrie, et qui n’est pas un simple objet d’échange parce que sur elle se fonde l’autorité héréditaire.
H. MOYSSET.