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LES
RICHES DEPUIS SEPT CENTS ANS

VIII[1]
HONORAIRES DES GENS DE LETTRES

Les lettres, pour qui en est digne, ne sont pas un métier, mais la vocation impérieuse de manifester sa pensée, avec la jouissance de lui donner sa forme la plus parfaite. Qu’il soit poète ou philosophe, auteur dramatique ou historien, romancier ou érudit, qu’il chante, qu’il conte, qu’il dissèque des sentimens ou des faits, l’homme de lettres a cette volupté suprême de remuer des idées, de les créer, de les analyser, de les combattre, de les tuer ou de les ressusciter d’entre les mortes, de les parer et de les faire triompher dans le monde.

Il y travaille en bon ouvrier et meurt satisfait d’avoir, s’il est de nos compatriotes, honnêtement usé de cette belle langue française, précise, limpide, et de l’avoir servie, dans la mesure de ses forces, autant qu’il s’est servi d’elle. S’il atteint la gloire, si la postérité le connaît par son nom, — un nom qui souvent n’est qu’un pseudonyme, ou un prénom, ou un surnom, — s’il laisse de lui quelque chose de bien plus vivant, plus personnel et plus authentique que toutes les autres sortes d’hommes, dont

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1908.