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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Ces derniers jours n’ont pas été pour nous sans quelques appréhensions ; mais tout est bien qui finit bien, et tout a bien fini. L’incident de Casablanca, déjà vieux de plusieurs semaines, a été l’objet d’une controverse laborieuse entre Paris et Berlin : un moment même, le désaccord a paru si grand qu’on a pu se demander si la controverse ne dégénérerait pas en conflit. Nous ne l’avons pas cru. Il aurait fallu une étrange maladresse ou un parti pris secret vraiment criminel, pour faire sortir d’aussi redoutables conséquences d’un fait initial sans portée. La France et l’Allemagne, le gouvernement français et le gouvernement allemand veulent sincèrement la paix. L’esprit de conciliation devait donc prévaloir et a prévalu chez eux.

On se rappelle de quoi il s’agissait. Six soldats de notre légion étrangère s’étaient mis, pour déserter, sous la protection du consulat allemand et, au moment où ils allaient s’embarquer dans le port de Casablanca, avaient été arrêtés par les autorités militaires françaises. Il s’en était suivi entre nos soldats et les sous-agens du consulat allemand une rixe assurément très regrettable, mais dont la responsabilité ne nous incombait point. Des déserteurs sont toujours des déserteurs, entre quelques mains qu’ils se trouvent, et ils doivent être traités comme tels. A nos yeux, une considération domine toutes les autres : les soldats de la légion étrangère ont les nationalités les plus diverses, mais ils sont des soldats français ; ils le sont devenus librement en vertu du contrat qu’ils ont signé et dont ils doivent subir toutes les obligations. Cela est vrai partout, mais l’est avec une évidence encore plus grande, s’il est possible, dans une armée en campagne. Pourquoi donc les agens du consulat allemand à