Lundi 29 septembre.
... Quoi qu’il en soit de ce voyage désiré, projeté, espéré et sur lequel je compte, croyez qu’il ne peut me convenir, me plaire et m’être bon à quelque chose, qu’autant qu’il sera de même pour vous. J’ai le désir de travailler sérieusement à Milan, l’espoir de pouvoir le faire, et celui d’y trouver avec vous et pour vous plus d’agrément que je n’en puis prévoir ici. Il y a à Milan bien plus de distraction de société qu’il ne vous en faut à vous et à moi : il y a des personnes excellentes à voir et à connaître que nous pourrons voir et connaître ensemble, des moyens de vous occuper des arts que vous aimez ; il y a... mon Dieu ! je voudrais qu’il y eût tout ce qui peut vous intéresser, vous plaire et mériter votre contentement...
[De Genève, sans date].
Cher ami,
Vous ne me dites pas ce que je voulais surtout savoir : est-il utile pour ce que vous voulez faire que vous passiez par le midi de la France ? Je suis d’autant plus impatiente de le savoir, que si oui, nous irons vous attendre plus au midi que Lyon. Ne vous embarrassez pas de la route pour nous : je trouverais de là facilement ; mais écrivez-moi cela tout de suite : la route du Simplon est très facile aussi. Je ne crois pas que vous puissiez faire autrement que de passer par le Piémont pour aller à Milan, si nous allons au midi de la France ; mais vous qui avez des cartes et des livres, qui vous empêche d’y regarder ? Je n’ai ni l’un, ni l’autre. Ne vous mettez pas à imaginer ce qui nous est le plus agréable ou commode : ils le sont également, et quant à la commodité, nous ne sommes pas du tout faciles à tourmenter pour cela. Notez bien que je ne vous demande pas ce qui est le plus agréable à vous non plus, je vous demande si cela vous sera utile. Mais pour l’amour de Dieu, dites-le-moi clairement et sans cérémonie...