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En résumé, je prétends que le pom-pom est l’auxiliaire obligé du canon à tir rapide fusant et je réclame instamment la mise à l’étude immédiate de cette bouche à feu.


Cherchons les conséquences de chacun des divers progrès accomplis, et nous nous rendrons compte que l’évolution tactique, comme toutes les autres, obéit à des lois.

Pour faire comprendre ces lois, je remonterai pour un instant au temps où l’on combattait à l’arme blanche. Il ne pouvait être question alors de combats d’avant-garde ou d’avant-postes De part et d’autre, quelques cavaliers étaient envoyés en avant pour renseigner ; puis les deux partis se ruaient l’un sur l’autre ; après une attaque générale de très courte durée, la victoire était décidée par une réserve qui produisait la rupture, à la suite de laquelle le vaincu ne pouvait se soustraire à l’étreinte du vainqueur ; ses pertes étaient énormes. La caractéristique du combat des temps anciens est donc : pas de préliminaires ; engagement général très bref ; disparition presque totale du vaincu ; manœuvre rudimentaire ; faible influence du commandement dans la bataille même.


A l’époque des armes à feu lisses, la portée du fusil, quoique faible encore, permet à l’infanterie des avant-postes de tenir l’ennemi à une certaine distance, 150 à 200 pas, de lutter quelque temps et de se dégager ensuite. La défense des avant-postes, quelque réduite qu’elle fut, entraînait la nécessité des avant-gardes, mais il était de règle presque absolue de ne jamais porter d’artillerie aux avant-postes, car elle n’eût pu se dérober.

Une fois le combat engagé, la défense, installée le plus souvent sur une position dominante, avait derrière celle-ci un espace dans lequel ses réserves pouvaient se mouvoir à l’abri des vues de l’ennemi. L’assaillant, au contraire, obligé de se rapprocher aux courtes portées du fusil et du canon, jouait pour ainsi dire cartes sur table ; pour ménager à son attaque décisive un effet de surprise, il devait conserver une assez forte proportion d’artillerie en réserve. La contre-attaque était facile, par suite de l’impossibilité pour les batteries de l’assaillant de tirer par-dessus leur infanterie et de la protéger jusqu’au dernier moment. Toutes ces conditions favorisaient la défense. Mais