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par morceaux, de Toulon à Brest. En tout cas, elle a pour résultat immédiat de proscrire toute armature métallique, si réduite qu’elle soit, et de contraindre à placer les plans stabilisateurs sur la carène elle-même. Conséquence : si par malheur la moindre déchirure se produit, la surpression intérieure, absolument nécessaire pour assurer la permanence de la forme, a pour effet immédiat de chasser le gaz au dehors avec une incroyable rapidité. C’est l’aventure arrivée au von Parseval, le 16 septembre 1908 : il avait lutté pendant une demi-heure contre un vent de 10 à 12 mètres environ, ce qui est très beau ; mais le plan stabilisateur de gauche étant venu à se briser sous l’effort de la rafale, le ballon se déchira sur une longueur de près d’un mètre, se plia en V, et vint s’abîmer sur un toit.

En résumé, si le système rigide présente quelques avantages : suppression du ballonnet et du ventilateur, possibilité de fixer, sans danger pour l’enveloppe, les différens organes de propulsion, de direction et de stabilisation sur l’ossature même, à leur place exacte et, par suite, de réduire leurs dimensions au strict minimum, l’insuffisance de la capacité de transport compense par trop largement ces avantages ; quant aux ballons souples, le peu de sécurité qu’ils présentent rend un peu illusoires les qualités qu’ils doivent à leur légèreté. Plus que jamais donc nous apparaissent comme seuls doués d’une supériorité manifeste à tous égards les dirigeables des types Julliot et von der Gross, types qualifiés de semi-rigides parce que l’enveloppe y est fixée ne varietur, dans ses parties les plus importantes, par une suspension courte et multiple, sur une plate-forme métallique rigide, indéformable et relativement légère à laquelle peut s’attacher, directement ou indirectement, une partie considérable des organes stabilisateurs. Il est vrai que l’arrière de leur carène est garnie de deux grands papillons dont on pourrait craindre l’arrachement par le vent ; mais la forme, la situation de ces appendices, rendent tout accident de ce genre bien improbable ; puis, s’il se produisait, ou même, chose plus grave, si le ventilateur venait à s’arrêter, on a le droit d’espérer que le ballon garderait sa forme pendant un assez long temps pour que l’atterrissage pût se faire sans danger. Plus que jamais aussi, nous sommes persuadés que les ballons, comme postes d’observation, comme éclaireurs et même comme engins capables de foudroyer de haut en bas les « plus lourds que l’air » que l’on fusillera de