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entretoisés par des fils d’acier, la relient à une autre cellule, la queue, de 4 mètres d’envergure sur 2 mètres de profondeur, et de même hauteur que la précédente, ce qui fait, au total, 56 mètres de surfaces portantes, gouvernail d’altitude non compris. Ce gouvernail, monoplan, porté à l’avant par des longerons de bois à une distance de 1m, 50, mesure 5 mètres de large sur 1 mètre de profondeur. Le pilote est placé, avec le moteur, dans un fuselage en frêne, léger et rigide, d’une longueur de 3m, 50, recouvert, à l’avant, d’une toile faisant fonction de coupe-vent ; à sa portée se trouve un volant double qui actionne le gouvernail vertical au moyen de câbles, et le gouvernail horizontal par une tige. Le moteur, de 50 chevaux, à 8 cylindres (ce qui est trop), dont le poids total est de 200 kg., accessoires compris, actionne une hélice en acier et aluminium, de 2m, 30 de diamètre, placée à l’arrière, et tournant à plus de 1 100 tours par minute. Le poids total de l’appareil, en ordre de marche, non compris l’aviateur, est considérable, 550 kg. environ (nous en verrons plus loin la raison). Au risque de l’alourdir encore, on a placé, à l’intérieur de la grande cellule, deux cloisons verticales qui la divisent en trois compartimens : l’air est ainsi mieux canalisé, la stabilité transversale plus assurée, la puissance de pénétration et la stabilité de route sensiblement accrues.

En résumé, alors que les frères américains ont réalisé un volateur instable, mais ramassé, maniable, avec lequel on peut arriver à décrire les courbes les plus hardies, M. G. Voisin et, avec lui, les aviateurs français se sont tout d’abord posé, en attaquant de front la question de l’équilibre automatique, comme le leur a dit W. Wright, un problème beaucoup plus ardu. Ont-ils eu tort ? Oui ! si l’on ne tient compte que du résultat immédiat, car, pour l’instant, l’appareil américain détient tous les records : record de la distance et de la durée (vol de 99 kilomètres en une heure 54 minutes) ; record du vol à deux (vol de 65 kilomètres en une heure 10 minutes environ) ; record de la hauteur (vol à plus de 100 mètres). Non ! si l’on considère que ces remarquables « performances, » auprès desquelles les 40 kilomètres courus en 44 minutes par M. H. Farman, au camp de Châlons, le 2 octobre 1908, semblent bien peu de chose, sont dues surtout à l’endurance du moteur Wright et, ensuite, aux trois ans d’avance qu’ont, à tous les points de vue, les deux aviateurs