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toutes dans un milieu moins désorganisé, moins anarchique et, dans tous les sens du mot, moins appauvri.

Il n’est que trop visible, je le sais, que nous descendons en ce moment, et avec une certaine rapidité, la pente inverse. Mais on peut espérer que cette descente aura son arrêt ailleurs que dans l’anarchie et dans la ruine. Déjà des socialistes de plus de sens rassis que beaucoup d’autres, les socialistes hollandais, voient au-dessous d’eux ce qu’ils appellent « les miséreux » ou, d’un mot plus expressif et qui mérite de rester, « le sous-prolétariat. » Présentement ils s’en inquiètent à un point de vue restreint. Ils craignent qu’en cas de trouble universel et de suspension de la production, le gouvernement n’achète son concours contre le prolétariat honnête et laborieux. Mais si le premier est capable de desservir et de trahir ainsi le second, ce dernier doit être amené fatalement à lui dire : « Nous avons lutté contre ceux que nous appelons les parasites d’en haut ; ce n’est pas pour nous laisser dévorer par les parasites d’en bas (car enfin il paraît bien qu’il y en a). Si vous voulez vous élever jusqu’à nous, vous en êtes libres, et nous nous efforcerons de vous y aider. Mais commencez par respecter ce qui, en somme, depuis que nous avons mis fin aux scandales du capitalisme, est bien à nous. Nous n’avons pas de femmes dites légitimes ; mais tout de même, chacun de nous tient à réserver pour lui sa compagne momentanée, tant qu’elle s’entend avec lui : ayez soin de la respecter. Apprêtez-vous aussi, si vous en avez le courage, à prendre place parmi les travailleurs consciencieux qui veulent que chacun n’ait que le produit de son propre travail, mais l’ait, et en jouisse intégralement. » Le jour où le prolétariat proprement dit tiendrait ce langage au sous-prolétariat, le jour où le quatrième Etat s’efforcerait ainsi de contenir le cinquième, peut-être serait-il moins malaisé de lui parler de ceux avec lesquels il a rompu. Peut-être pourrait-on lui faire comprendre qu’il est aussi de son intérêt de faire respecter, au-dessus du travail manuel et du travail du moment, le travail du passé, le travail de l’intelligence, le travail accumulé d’une élite cultivée et prévoyante.

Sommes-nous loin de l’évolution du droit criminel ? En aucune façon, puisque les idées que les hommes se font de la