Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les Chambres se sont séparées à la veille de la Noël, après avoir voté le budget de 1909. On ne reprochera pas au Sénat de n’y avoir pas mis de la bonne volonté : il ne lui a guère fallu plus de huit jours pour expédier une besogne qui, en temps normal, aurait demandé au moins trois semaines, et cette besogne, si elle a été menée rondement, n’a pourtant pas été bâclée. D’abord, il y a eu au Sénat une discussion générale du budget, dont la Chambre avait cru pouvoir se dispenser. Elle a été courte, mais intéressante. M. Poincaré, rapporteur général, a exposé telle qu’elle est la situation de nos finances, et elle n’est pas brillante, puisque, depuis plusieurs années déjà, le budget est voté en déficit et que l’équilibre n’en est artificiellement rétabli qu’au moyen d’emprunts à court terme : il en est de même cette année que les précédentes, et c’est contre quoi on ne saurait trop nettement protester. M. Poincaré a fait entendre quelques avertissemens sévères ; mais M. Caillaux a donné au Sénat l’assurance que tout s’arrangerait aussi longtemps qu’il serait là. Tout ne s’est-il pas arrangé, les années dernières, grâce à d’abondantes plus-values ? Sans doute ; mais, à de certains signes qui ne les trompent pas, les financiers et les économistes augurent que l’ère des plus-values est provisoirement close, et qu’après les vaches grasses nous allons avoir les vaches maigres. M. le ministre des Finances le sait, il le dit même avec une louable franchise, sans que son optimisme en soit dailleurs atténué. Il y a des grâces d’état. L’avenir cependant semble devoir être très lourd. On n’entend parler que de dépenses nouvelles, toutes nécessaires, qui s’élèvent à plusieurs centaines de millions. Les unes ont un intérêt moral comme les retraites ouvrières, les autres un intérêt matériel comme les dépenses de la Guerre et de la Marine. Comment y ferons-nous face ? C’est le secret de demain. En