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la seconde moitié du XVIe siècle attestent à la fois la ruine des écoles rurales et même urbaines, et le zèle du clergé à les rétablir. Tout à l’heure nous reproduisions les dispositions du statut organique promulgué, en 1520, par un archevêque de Rouen pour les écoles de son diocèse. Dans un mandement adressé par un de ses successeurs à ses suffragans, en 1581, il n’est question que d’écoles sans élèves, dépouillées de leurs revenus et de localités sans école. Le prélat ordonne à ses suffragans de rouvrir les anciennes, d’amener à restitution, par des censures, les usurpateurs et d’en créer là où il n’y en a pas. Les conciles de cette période montrent, à des degrés divers, une sollicitude constante pour l’enseignement primaire. Un concile tenu à Bordeaux un peu après 1583 arrête que toutes les paroisses ou, au moins, les paroisses un peu peuplées (celebriores) seront pourvues d’un maître d’école. Le concile de Bourges décrète, en 1584, qu’il y aura une école dans chaque paroisse et que l’enseignement élémentaire des filles sera confié à des veuves ou à des filles aptes à cette mission. Le concile d’Aire enjoint, en 1585, à l’évêque de créer le plus tôt possible dans les villes et les bourgs de son diocèse des écoles pour les deux sexes. Le synode d’Angers prescrit, en 1594, aux curés du diocèse de trouver dans leurs paroisses et de commettre une personne capable pour enseigner l’alphabet, les rudimens de la grammaire et le chant. Ils mettront leurs paroissiens en demeure de contribuer, suivant leurs facultés, au paiement de l’instituteur. Le synode d’Avranches ordonne, en 1600, la recherche et la restitution des fondations et des legs dont les écoles ont été spoliées et leur l’établissement dans les bâtimens qui leur avaient été affectés.

Dans les États généraux de 1560, de 1576 et de 1588, clergé, Noblesse, Tiers État rivalisèrent de zèle pour l’instruction populaire. Ce zèle, qui s’accrut avec chaque session, fut en grande partie efficace. Si le principe de l’obligation, dont la noblesse avait réclamé l’adoption aux États d’Orléans, ne passa pas dans l’ordonnance de 1561 rendue dans la même ville, celui de la gratuité y fut ratifié. Le vœu du Tiers de faire assurer l’instruction populaire par l’affectation d’une prébende canoniale à l’entretien d’un instituteur fut réalisé. Les États n’oublièrent pas celles qui n’avaient pas d’église cathédrale ou collégiale leur préoccupation s’étendit jusqu’aux villages.