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LA JEUNE FILLE BIEN ÉLEVÉE

TROISIÈME PARTIE (2)

XVI

La première nouvelle que j’appris, à mon arrivée à Chinon, fut que le « docteur Ghambrun, » — on l’appelait comme cela depuis qu’il avait passé sa thèse, — était installé à Vendôme depuis cinq mois, et qu’il était déjà fiancé à une jeune fille de cette ville. Je me trouvais déjà préparée à cette nouvelle qu’on mettait un soin particulier à me cacher ; j’avais remarqué des chuchoteries chez les Vaufrenard, qui m’avaient fait l’oreille plus attentive ; j’imaginai la nouvelle à peu près complète, sauf le nom du lieu de l’installation, ce qui ne diminua en rien mon émotion, lorsque la nouvelle me fut annoncée sur un ton de compassion par Marguerite Pâtissier. Mais, sans commettre un gros mensonge, je pus répondre à cette obligeante amie :

— Parfaitement !... Je sais !

Ce cher M. Ghambrun n’avait jamais fait grande attention à moi. Il m’avait adressé, deux années de suite, le même compliment ; il avait causé plus volontiers avec moi qu’avec les autres jeunes filles, parce qu’il s’intéressait, comme moi, à la musique.

(1) Published, Jnnuary first, nineleen hundred and nine. Privilège of copyright in The United States reserved, under the Act upproved Mardi third, nlneteen hundred and five, by René Boylesve.

(2) Voyez la Revue des 1er et 15 décembre 1908.