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comme partie lésée, fit décider par les Etats « que le sieur de Bouillaco, vicaire général de Mende, serait envoyé à Montpellier de la part de l’assemblée, solliciter MM. de la Cour des Aides de rendre au diocèse d’Alet la justice qu’il devait attendre dans le jugement du procès qu’il avait contre le receveur. » En même temps, nommé président du bureau des comptes, il montra si bien aux Etats les fraudes des deux frères, et, appuyé par le marquis de Castres, il fit voir si nettement les désordres qui se passaient dans son diocèse pour l’assiette des tailles, que les Etats, enfin convaincus, lui témoignèrent leur bonne volonté en nommant M. de Bouillaco, son ami, « commissaire principal pour l’année suivante en l’assiette du diocèse de Limoux. » L’intendant, M. de Bezons, qui avait fait récemment sur sa prière un voyage à Limoux pour constater de ses yeux les injustices dont le diocèse d’Alet était victime, et l’archevêque de Narbonne, M. de Rebé, obtinrent du Roi que le conflit de juridiction fût tranché au profit de la Cour des Aides de Montpellier.

A partir de ce moment, la lutte devient par instans dramatique. Nous n’avons qu’à suivre, pour nous en rendre compte, les procès-verbaux des Etats de Languedoc.

Nous sommes en 16S8. M. de Bouillaco, archidiacre de Montpellier et vicaire général de Mende, a été chargé l’année précédente par les Etats « de donner ses soins au nom de la province à la poursuite du procès des sieurs Aosthène et d’y assister Mgr l’évêque d’Alet à la sollicitation duquel cette poursuite a été commencée. » Il rend compte aux Etats réunis à Narbonne de sa double mission, puisqu’il a été en même temps nommé commissaire principal » en l’assiette d’Alet et Limoux. » Il s’est rendu d’abord à Montpellier, où les deux frères, condamnés par défaut, ont fini par se constituer prisonniers. La Cour des Aides, après avoir interrogé « quatre à cinq cents témoins, » les a confrontés « avec cent cinquante environ. » Mais la chose a été pleine de difficultés, car M. de Cironis, beau-père du receveur, et les gentilshommes du diocèse d’Alet, associés d’intérêts avec les prévenus, ont remué ciel et terre pour leur acquittement. La confrontation des témoins et des accusés s’est faite avec beaucoup de peine, nous dit M. de Bouillaco, « à cause du crédit que les dits prévenus avaient dans le dit diocèse d’Alet, où étaient les témoins, et des intimidations qu’on leur faisait dans la ville de Montpellier, qui était toute sollicitée par les parens et amis des