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M. Méline et une forme singulièrement heureuse, si, comme le croit M. Lefébure, celles qui s’adonneraient à ces industries y trouvaient un salaire rémunérateur, et débarrassaient en même temps de leur concurrence la carrière encombrée des lingères. En théorie, le conseil est bon. En fait, les industries alimentaires seraient-elles aussi rémunératrices que le croit M. Lefébure ? Notre ignorance des choses de l’agriculture ne nous permet pas d’en juger.


VI

Passons aux remèdes directs, et cherchons s’il en est d’efficaces qui puissent rehausser le salaire des ouvrières à domicile.

Au premier rang des phénomènes économiques de ces vingt et surtout de ces dix dernières années, il en est un qui appelle particulièrement l’attention, c’est l’élévation des salaires dans la plupart des professions masculines. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner si cette élévation n’a pas été exagérée, surtout dans ces derniers temps s’il n’y faut pas chercher, en grande partie, l’explication de cette hausse à peu près générale des prix en présence de laquelle nous nous trouvons, hausse qui fait perdre aux ouvriers eux-mêmes une partie des avantages acquis par eux, et qui pèse lourdement sur les petits rentiers ou employés, dont les uns ont vu plutôt diminuer leurs revenus par l’abaissement du loyer de l’argent, et dont les autres n’ont guère vu augmenter leurs traitemens. Quoi qu’il en soit de ces considérations, c’est incontestablement l’action des syndicats, constitués en vertu de la loi de 1884, qui soit à l’amiable, soit en ayant recours à la grève, a déterminé cette hausse. Il est donc tout naturel de se demander si les ouvrières ne pourraient pas arriver au même résultat par la même action. Ce serait de leur part parfaitement légitime, et, en théorie, le moyen est irréprochable autant qu’excellent. En fait, elles en ont fait rarement usage. La lenteur de ce qu’on appelle, dans une langue nouvelle, le mouvement syndicaliste parmi les femmes en est la cause.

Au 1er janvier 1907, on comptait en France et aux colonies 5 322 syndicats comprenant 896 012 hommes contre 79 260 femmes. C’est peu, mais ce peu constitue cependant un progrès, car au 1er janvier 4905 on ne comptait que 69 405 femmes syndiquées. A cette