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— se trahit partout. Les couloirs sont encombrés et tumultueux. La salle des séances déborde. Les adversaires sont accueillis par des grognemens. Des rires éclatent comme des traînées de poudre. Les interpellations se croisent avec la régularité de rapides décharges. Les propositions de loi s’entassent. Les orateurs abondent. Et les Commissions provoquent d’ardentes compétitions. Rien qu’au cours de la troisième session, 70 textes législatifs sont venus enrichir le Statute Book.

Comment se fait-il qu’après trois années, pendant lesquelles la machine parlementaire, surchauffée, a fonctionné avec une trépidante activité, cette Chambre jeune et démocratique n’ait pas vu accroître son prestige, ni grandir sa popularité ? Dans un de ses derniers numéros, le Punch nous montre le premier ministre, les bras croisés, dans une attitude à la fois irritée et dédaigneuse. Un Pair, — lord Lansdovvne, — le bombarde à coups de projets de loi. Le chapeau du Très Hon. H. H. Asquith est défoncé, son col froissé. « Prenez garde, s’écrie-t-il, je vais faire appel à mon ami, qui assiste avec une visible indignation à votre manège. » Et l’ami, le brave et gros John Bull, en frac bleu à boutons d’or, en culottes blanches et en bottes à revers, ronfle sur un banc, en proie au sommeil le plus paisible. Pourquoi dort-il ?


I

Jamais gouvernement britannique n’a, en trois années, accumulé un aussi grand nombre de réformes sociales. Nul n’a été oublié, dans cette avalanche de textes législatifs et de décrets gouvernementaux.

L’enfant a été l’objet de légitimes sollicitudes. S’il arrive à l’école, tremblant de froid et de faim, il sera nourri par les nouvelles cantines, et les parens pauvres ne seront pas tenus de rembourser les dépenses. L’inspection médicale de tous les écoliers a été organisée, et une Commission permanente, présidée par un spécialiste connu, le docteur G. Newman, veillera à la création de cours spéciaux pour les retardés et pour les infirmes. Une loi capitale, votée au cours de la session 1908, combat à la fois tous les vices dont souffre l’enfance ouvrière :