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échecs successifs que leur ont infligés les Pairs, à faire appel au pays plus vite qu’ils ne l’avaient prévu.

Les Communes, élues en 1906, auront-elles une existence aussi brève que le Parlement radical, nommé en 1892 ? Aujourd’hui encore, trois années d’opposition suffiront-elles à redorer le blason et à restaurer le prestige du parti conservateur ? Quarante mois auront-ils de nouveau épuisé toutes les forces de la poussée démocratique ? C’est le secret de demain. Si, au cours du premier semestre de la nouvelle année, les statistiques commerciales restent mauvaises, les Lords hésiteront moins à brusquer les événemens. Si, au contraire, la crise industrielle s’atténue rapidement, les Pairs y regarderont à deux fois, avant de provoquer un conflit constitutionnel. L’histoire ne leur a-t-elle pas appris, en effet, que lorsque le baromètre économique est au beau fixe, le peuple anglais est plein d’indulgence pour les ardens démocrates et les apôtres pacifistes ? Dès que les mauvais jours font leur apparition, l’idéalisme fait banqueroute ; et J. Bull réclame un gouvernement conservateur et des diversions belliqueuses.

Quel que soit le jour où il sera appelé à se prononcer, un avenir prochain nous dira de quel poids pèseront, dans la balance électorale, les préoccupations militaires et le malaise économique, les lois impopulaires et les inquiétudes sociales, dont nous avons retrouvé l’influence dans les victoires unionistes d’aujourd’hui.


JACQUES BARDOUX.