Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/696

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très raide et qui, à cet égard, contrastent absolument avec les rivages doucement inclinés.

Pour bien se pénétrer de la différence essentielle dont il s’agit entre les deux catégories de côtes, il suffit de s’imaginer au travers de l’Amérique du Sud (prise comme exemple) une coupe dirigée suivant un parallèle d’un océan à l’autre, de Bahia (Brésil) à Lima (Pérou). En partant de l’Atlantique, on trouve un pays bas et qui s’élève très progressivement : il en résulte une dimension immense pour les bassins hydrographiques qui se déchargent vers l’Est par les grands fleuves tels que l’Amazone tributaires de l’Atlantique. C’est tout à fait à la fin de la traversée continentale qu’on rencontre, le long du rivage Pacifique, la haute chaîne de la Cordillère, et, si l’on sonde l’Océan à son pied, on trouve immédiatement des abîmes de plusieurs milliers de mètres de profondeur. Or, c’est à cause de la dépression résultante que les eaux de la mer ont été appelées à baigner ces régions et leur disposition générale conduit à y reconnaître des fractures de l’écorce terrestre ou géoclases, analogues dans leurs grands traits à celles qui caractérisent les chaînes de montagnes. Ceci nous approche de la solution cherchée, car la notion est générale : partout, les pays à grands et fréquens tremblemens de terre sont avoisinés par des mers très profondes. Le type est fourni par le massif du Japon où se trouve la fosse du Tuscarora, concave de 10 000 mètres. La Méditerranée a des abîmes et Messine se trouve sur une rive à pic.

Maintenant, si l’on examine les pays où se font sentir les tremblemens de terre modérés, comme c’est le cas pour la Suisse et pour toute l’Europe Centrale, on constate que des traces volcaniques y abondent et qu’il est facile d’y retrouver aussi des preuves du craquellement du sol : les géoclases y ont évidemment déterminé les principales inégalités de surface. Seulement il ne s’y produit plus d’éruptions plutoniques et les volcans qu’on y rencontre sont « éteints. » Cependant il y jaillit bien des sources chaudes, et des dégagemens de gaz rappellent ceux des volcans. Les choses s’y montrent donc comme s’il s’agissait de régions ayant jadis été bâties exactement comme la zone à grands séismes et à volcans brûlans, mais qui se seraient refroidies et auraient en conséquence perdu la plus grande partie de leur primitive activité.

Remarque curieuse : la mention sur le globe géographique