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qui traverse toute l’Allemagne et enfin dans l’Oural où, après s’être très bien raccordé aux montagnes précédentes, il s’infléchit vers le Nord jusqu’au rivage de l’Océan glacial arctique. La méthode géologique prouve que cette suite de reliefs s’est constituée bien avant les Alpes et dans un temps qui dépend de l’époque carbonifère, celle d’où datent les accumulations de matières végétales devenues progressivement le charbon de terre. On conçoit que le ridement armoricain, comme on l’appelle, soit moins élevé que la chaîne des Alpes : peut-être en a-t-il possédé la hauteur, mais il subit depuis si longtemps l’intempérisme, — la légion des agens atmosphériques de la dégradation des roches, — que l’ensemble a perdu maintenant une très grande partie de son ampleur originelle.

Plus au Nord encore, se développe un bourrelet, réduit à des restes de plus en plus détériorés, et qui consiste dans les Monts Grampians en Ecosse et dans les Alpes Scandinaves. Cette fois, la poussée souterraine remonte au passé qualifié de silurien, c’est-à-dire à un temps peu éloigné sans doute du moment où la vie a fait son apparition sur la Terre.

Pour bien montrer le degré de confiance qu’il faut attribuer à ces comparaisons entre les chaînes européennes, il est utile de noter que le symétrique exact de leur histoire se retrouve sur le sol du Nouveau Monde. La série qui comprend la Cordillère des Andes, les Montagnes Rocheuses, les Appalaches et les Montagnes Vertes, correspond terme à terme à celles dont nous venons de résumer la production successive. Dans un cas comme dans l’autre, des régions grossièrement parallèles entre elles ont été successivement le lieu d’ouverture de grandes cassures et le théâtre des manifestations qui en résultent : jaillissemens de sources chaudes, éruptions de volcans et déchaînement de tremblemens de terre.

Tout cet ensemble, d’apparence cataclysmique, et où on a voulu quelquefois découvrir un indice du dérangement de la Nature, est prévu, au contraire et, comme on va le voir, est compris dans le plan et dans l’économie générale de la Terre.


III

La seule manière rationnelle de comprendre l’activité souterraine, qui s’est traduite, au cours des temps, par la