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pourquoi le liquide monte ou baisse dans la tige graduée. Mais si celle-ci manquait et si on avait affaire au seul réservoir exactement rempli de mercure à une température déterminée, le moindre refroidissement produirait un vide que rien ne tendrait à remplir. Supposez que la paroi, au lieu d’être de verre plus ou moins épais, soit d’une substance flexible ou fragile, elle se déformera ou se brisera. Or ; c’est exactement ce qui se passe pour la croûte terrestre, quand le noyau qu’elle enserre se contracte sous elle : depuis les anciens temps géologiques, le refroidissement et par conséquent la contraction ont été continus.

Ce mécanisme, si merveilleux dans sa simplicité, donne lieu à des phénomènes qui ont laissé leurs traces ou leurs produits dans les entrailles du sol : c’est lui qui, par les déformations lentes de la croûte, détermine l’émigration des continens, c’est-à-dire le déplacement progressif du bassin des mers gagnant en certains points sur la terre ferme et perdant en d’autres. De là résultent, en tant de régions et par exemple à Paris, des preuves du long séjour de l’océan là où maintenant règne la condition continentale. C’est ce mécanisme aussi qui, ayant tordu la croûte jusqu’à la limite extrême de son élasticité, la brise tout à coup et développe ainsi les secousses séismiques.

Cependant, quoi qu’il puisse sembler à première vue que nous ayons résolu ainsi tout le problème des tremblemens de terre, il faut reconnaître que bien des particularités dont la constatation nous arrêtait tout à l’heure, ne reçoivent ainsi aucune explication.

En effet, la contraction pure et simple du noyau et la seule tendance de la croûte à suivre le support qui se dérobe sous elle ne pourraient rendre compte que de mouvemens verticaux, selon les rayons, avec, — tout au plus, — de faibles réactions horizontales provenant de la différence de longueur du degré d’arc au cours de la contraction. Or, l’observation géologique nous apprend tout autre chose.

Le fait dominant de la structure des montagnes consiste, d’après Schardt, Suess, Termier et d’autres, dans des déplace mens, suivant des plans très inclinés sur l’horizon, d’énormes masses qui ont été charriées par-dessus des roches voisines souvent plus récentes qu’elles. Les plans de glissement sont justement les géoclases mentionnées plus haut : les lignes mêmes où se déclarent les tremblemens de terre.

Avant d’aller plus loin, et pour ne laisser aucune obscurité,