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septembre, le jour même de la rencontre, que la question est abordée, au fond, à Paris.

La discussion fut ce qu’elle devait être, du côté de la France. Selon qu’on envisageait la prétention (claim) de l’Angleterre au point de vue « des droits de l’Egypte » ou au point de vue de la conquête et de l’occupation. Si « le droit de l’Egypte, » pourquoi l’Angleterre intervenait-elle, et si « l’occupation, » Marchand occupait avant Kitchener. Peut-être eût-on pu s’appuyer davantage, ’ auprès du gouvernement britannique et surtout auprès de l’opinion, sur les déclarations de lord Kimberley à M. de Courcel, qui établissaient, en tous cas, l’absolue légitimité de la réclamation française. Cet élément de discussion fut à peine mentionné et fit vraiment défaut au débat. La discussion n’en fut pas moins nourrie ; on ne laissa nullement de côté l’argument tiré de la suzeraineté du Sultan et de l’intégrité de l’Empire ottoman « que l’Angleterre a, comme nous, garantie. » On fit valoir que d’autres interventions s’étaient produites dans la vallée du Nil, « à Lado notamment, sans soulever, que nous sachions, de contestations de la part du Cabinet de Londres. »

L’exposé de la thèse française se heurtait dès lors à un parti pris appuyé sur la force et sur le fait de la conquête. Le droit des traités n’était même pas admis aux honneurs du débat.

En présence de cette résolution arrêtée, il y eût eu avantage, peut-être, à essayer de relever immédiatement l’ouverture contenue dans le télégramme de lord Salisbury du 9 septembre. Mais on en n’était pas encore à ce degré de résignation. Pendant plusieurs semaines, on s’en tint à répéter « les argumens que nous sommes en mesure d’opposer à la théorie anglaise concernant la situation internationale des territoires occupés par les Madhistes (29 sept.). » En France, la presse soutenait énergiquement le ministère ; elle le sommait de ne pas céder.

Cependant, le sirdar et le capitaine Marchand s’étaient rencontrés. Le 27 septembre, le gouvernement britannique communiquait au gouvernement français la dépêche où la scène culminante du drame était exposée du point de vue anglais : « Le sirdar arriva à Fachoda le 19 septembre et reçut MM. Marchand et Germain à son bord. Au cours de la convention qui s’ensuivit, M. Marchand informa le sirdar qu’il était muni d’instructions de son gouvernement d’occuper le Bahr-El-Ghazal jusqu’à sa