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l’hommage public qui lui fut rendu par l’Europe entière et par l’Angleterre même. Encore une fois, je n’ai pas à raconter la partie la plus glorieuse de ces événemens, c’est-à-dire la mission, mais seulement la partie la plus pénible, la négociation.


Cette négociation achevée en fait, vers le milieu d’octobre, eut, pourtant, un épilogue : ce fut la conclusion de la déclaration additionnelle du 21 mars 1899, complétant la Convention de juin 1898.

M. le baron de Courcel avait quitté Londres, sur la fin de l’année 1898 : il avait été remplacé, à l’ambassade, par M. Paul Cambon. Dès le 12 janvier 1899, le nouvel ambassadeur, d’après les instructions verbales qu’il a reçues à son départ de Paris, rappelle à lord Salisbury la dernière conversation que celui-ci a eue avec le baron de Courcel relativement aux questions africaines et déclare qu’il est en situation de la reprendre. Le noble lord accepte l’entretien. Bientôt il est entendu, sur la proposition de la France, « que l’accord qui terminerait les négociations actuelles serait rattaché à la Convention du 14 juin 1898. »

La Grande-Bretagne reconnaît, en principe, à la France une route commerciale vers le Nil.

La délimitation intervenue suit, comme on le sait, la ligne de partage des eaux du Congo et du Nil, depuis les sources du M’Bomou jusqu’au 15e degré, en laissant le Ouadaï à la France et le Darfour à l’Angleterre ; elle rejoint, ensuite, en s’inclinant, à l’Ouest, vers, la Tripolitaine, le Tropique du Capricorne. Le Bahr-El-Ghazal, ainsi que le Darfour et le Kordofan jusqu’au Nil, font partie de la zone commerciale laissée libre entre les deux puissances.

Délimitation amiable, extension de la Convention de juin 1898, accès commercial au Nil, c’étaient, en somme, les principes que M. de Courcel avait exposés en octobre. Si la délimitation eût laissé à la France certains des postes établis dans le Bahr-El-Ghazal, comme cela fut suggéré, à diverses reprises, au cours des pourparlers, « la question de Fachoda, selon l’expression de M. de Courcel, se serait réglée d’elle-même. »

Ne peut-on pas admettre, maintenant, que si le débat se fût engagé avant le succès de l’expédition de Kitchener, l’arrangement eût consacré des satisfactions suffisantes pour les intérêts