Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/950

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Notre situation intérieure change peu ; elle est sujette à quelque langueur. En revanche, la situation extérieure a été l’objet, depuis quelques jours, de modifications importantes : c’est là que sont la vie et le mouvement. Il faut cependant parler du duel de tribune qui a eu lieu, pendant deux séances consécutives, entre M. de Pressensé et M. Clemenceau. L’impression que la Chambre en a ressentie n’a pas été bonne pour M. le président du Conseil qu’on a trouvé nerveux, intempérant en paroles et violemment agressif ; mais cela ne l’a pas empêché d’obtenir, au dépouillement du scrutin, une majorité considérable, et que lui faut-il de plus ?

L’occasion de cette querelle a été la punition disciplinaire dont plusieurs officiers de Laon ont été frappés pour avoir, un dimanche, assisté à une messe où a été prononcé un sermon qui a déplu. Il nous serait difficile de dire ce qu’a été ce sermon : à cet égard, les exégètes ne sont pas d’accord ; mais en quoi les officiers qui l’ont entendu en sont-ils responsables ? — Ils devaient savoir, a déclaré en substance M. le ministre de la Guerre, et ils savaient, en effet, qu’il y avait à Laon un Congrès catholique, et dès lors, ils auraient dû se défier, car qui dit catholicisme dit hostilité à la République et à ses lois. — C’est l’opinion du gouvernement, c’est la confusion dans laquelle il vit et se complaît ; mais nos officiers sont-ils obligés de conformer, sur ce point, leur pensée à celle de M. le ministre de la Guerre, qui, comme nul ne l’ignore, a toujours été le partisan de la stricte discipline et en a lui-même donné le modèle ? Certes, nous serions les premiers à blâmer des officiers qui se seraient livrés à une manifestation politique quelconque ; mais est-ce le cas des officiers de Laon ? Le gouvernement, qui a voulu en faire la