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Nous constatons, dès le premier coup d’œil, que la puissance navale, sur tout le globe, s’est considérablement accrue dans ces dernières années, et qu’elle continue à s’accroître avec rapidité. De nouvelles marines sont nées ; d’autres, qui n’étaient qu’embryonnaires, ont pris un développement imprévu.

Bien entendu, cela correspond à un effort financier très important.

Dans les autres pays, on est aussi soucieux qu’en France d’éviter les dépenses superflues. Efforçons-nous de découvrir les raisons graves qui ont poussé les autres peuples à consentir des sacrifices aussi lourds, et, pour cela, étudions quelques cas particuliers.

Les États-Unis d’Amérique, par exemple, ne possédaient autrefois qu’une marine de guerre rudimentaire. Pendant de longues années ils ont vécu repliés en quelque sorte sur eux-mêmes, presque entièrement occupés à mettre en valeur les richesses de leurs immenses territoires. La vie intérieure absorbait le meilleur de la force vive de la nation. Une petite armée représentait leur unique puissance militaire. Après cette période préparatoire, quand leur activité agricole, industrielle et commerciale eut pris une plus large place dans la lutte économique internationale, et quoique aucun ennemi maritime ne parût devoir menacer leur territoire, leur marine de guerre fut développée d’une façon aussi puissante que rapide. Actuellement leur flotte, véritable Armada, vient de faire le tour du monde, montrant sur son passage, à l’Amérique latine et aux peuples d’Extrême-Orient, la valeur de l’amitié américaine, préparant ainsi les esprits aux traités de commerce et aux ententes diplomatiques.

Cette croisière a été un immense succès. Décidée au moment où les difficultés avec le Japon étaient des plus sérieuse », elle se termine par un accord qui ne coûte aux Américains aucune concession : ce qui montre que, sans réaliser la valeur militaire qu’elle contient en elle, sans menaces, la puissance navale peut, même en temps de paix, rendre de signalés services. Dans ce cas, son action lui vient de ce qu’elle est le symbole de l’intérêt que la nation porte à l’épanouissement de sa vie extérieure.

Pour l’Allemagne, aussi longtemps que, soit du côté du Danemark, soit du côté de l’Autriche, soit du côté de la France, elle fut occupée à la réalisation de son unité ou à