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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/202

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UNE
ÉCOLE D’IMPÉRIALISME MYSTIQUE

LES PLUS RÉCENS THÉORICIENS
DU PANGERMANISME

Les élections législatives de 1907, qui marquèrent pour le parti de la démocratie socialiste allemande un échec matériel sensible et plus encore un échec moral de portée considérable, ont été, nous l’avons lu partout, des élections « nationales. » A la voix de l’Empereur et de ses ministres, une partie du corps électoral est venue se rallier autour du drapeau de l’Empire. C’est là un événement dont les causes sont fort complexes sans doute, mais auquel certaines considérations, théoriques en apparence et assez pratiques en réalité, ne sont pas étrangères. Chez nos voisins d’outre-Rhin, le socialisme démocratique, c’est-à-dire l’impérialisme de classe, appuyé sur l’entraînant mysticisme romantique dont Marx lui a fourni les formules, rencontre la concurrence d’un impérialisme de race, le pangermanisme, qui n’est guère moins pourvu de doctrines et possède lui aussi ses prophètes enthousiastes et ses subtils théologiens. Nous avons étudié ici même, il y a cinq ans, l’un des plus éloquens parmi ces prophètes et l’un des plus avisés parmi ces théologiens, M. Houston Stewart Chamberlain[1]. Depuis cette époque le mouvement germaniste théorique, loin de se ralentir, s’est propagé, ramifié en tous sens : son influence se fait sentir aujourd’hui dans mainte direction, assez loin de son point de départ.

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 décembre 1903 et du 1er janvier 1904.