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REVUE DRAMATIQUE


COMEDIE-FRANÇAISE : La Furie, pièce en cinq actes en vers, par M. Jules Bois. — VAUDEVILLE : La Route d’Émeraude, drame en cinq actes, en vers, par M. Jean Richepin, d’après le roman de M. E. Demolder. — GYMNASE : l’Ane de Buridan, comédie en trois actes, par MM. de Flers et de Caillavet. — ODEON : Les Grands, comédie en quatre actes, par MM. Pierre Veber et Serge Basset.


« Applaudissez ! c’est du Sophocle ! » clamait Voltaire au public un peu lent à s’émouvoir pour une de ses tragédies. L’auteur de la Furie a pris soin au contraire de nous avertir que « ce n’est pas du Sophocle. » Ce n’est pas non plus du Racine. Ce n’est rien qui ressemble à ce qu’on était convenu jusqu’ici d’appeler une tragédie, ou un drame. Ainsi prévenus par le poète, notre tâche ne saurait être que de rechercher par où son œuvre diffère de celles de ses illustres devanciers. C’est ce que nous tâcherons de faire, sans toutefois promettre à M. Jules Bois que nous nous mettrons toujours au même point de vue que lui. Il écrit en tête de sa pièce : « L’apparence des personnages, comme leurs âmes et le milieu où ils évoluent, n’a aucun rapport avec l’ancienne tragédie et avec la Grèce antique, telles que le théâtre nous les a figurées. Tout est ici vivant, réaliste, enfiévré. » Nous lui concéderons bien volontiers que l’art antique ne fut guère « enfiévré » et que Sophocle aurait eu peu de goût pour le réalisme tel que nous le concevons aujourd’hui. Mais quant à admettre que ni Antigone, ni Andromaque ne soient vivantes au prix de la Furie, c’est un genre de comparaisons toujours redoutable, et auquel il nous semble plus prudent de ne pas nous hasarder.

La première nouveauté sur laquelle on attire notre attention est celle de la décoration et des costumes. Tout y est, paraît-il, d’une