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Cabinets usent eux-mêmes de leur influence pour éclairer le maréchal Serrano sur les périls de la combinaison dont le maréchal Prim est le véritable auteur, nous avons la confiance que cette dangereuse intrigue échouera (7 juillet). » Enfin il revenait encore une fois à la charge le lendemain 8 : « Il y a une nécessité pressante à ce que les puissances qui sont en mesure de faire entendre au roi Guillaume les conseils de la modération et de la sagesse interviennent sans retard avant que le vrai caractère de cette affaire n’ait été dénaturé par des susceptibilités nationales. Ni la dignité du peuple espagnol, ni celle du peuple allemand ne sont en cause ; mais si la discussion se prolonge pendant quelques jours seulement, les passions populaires ne manqueront pas de l’envenimer en ressuscitant ces rivalités de pays à pays qui seront une difficulté de plus pour le gouvernement attaché au maintien de la paix. »

Il s’adressa même aux Etals du Sud, afin de bien marquer qu’il n’avait aucune mauvaise arrière-pensée contre l’Allemagne. Il télégraphiait à Saint-Vallier[1] : « Je ne doute pas que les cours allemandes n’emploient auprès du roi Guillaume tous leurs moyens de persuasion pour le détourner de soutenir la candidature du prince de Hohenzollern, et j’ai la confiance que leurs efforts, appuyés par le bon sens patriotique de la nation allemande, ne demeureront pas sans influence sur la conduite de la Prusse dans cette affaire. »

Où trouve-t-on, dans ces instructions d’un ton si noblement pacifique et conciliant, la moindre impatience colérique, le moindre désir d’humilier le roi de Prusse ou de chercher un conflit avec lui ? La netteté n’y devient jamais de la rudesse, et le désir d’en finir ne dégénère pas en sommation impertinente. Il n’y a « ni contradiction ni hésitation, » comme le disent les rhéteurs, qui ignorent la souplesse d’esprit qu’exigent les fluctuations des affaires. Sans doute, tantôt il parle de conseil, tantôt d’ordre, tantôt de renonciation spontanée, tantôt de renonciation ordonnée, mais le fond de la pensée ne varie pas un instant, c’est toujours la même : obtenir sans guerre la disparition de la candidature.

Enfin, Gramont le furibond, le provocateur, désirait tellement, ainsi que nous tous, éviter la guerre, qu’il eut l’idée de

  1. 8 juillet.