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d’ensemencer pour l’année suivante. Le premier, le général Liébert comprit quel avantage il y aurait à apprendre aux Arabes à se procurer eux-mêmes des garanties contre les mauvaises chances possibles et créa en 1809 une caisse de secours à Miliana. Depuis, les sociétés de prévoyance ont pris un admirable développement. A la fin de 1905, on en comptait 173, dont 86 dans les communes de plein exercice, 73 dans les communes mixtes, chiffre égal au nombre de ces communes, qui en sont ainsi toutes pourvues, 14 dans les territoires de commandement. Leur organisation est très simple. Il existe une société par commune avec aillant de sections que la commune compte de douars ou de tribus. Composée exclusivement de membres indigènes ayant leur domicile réel dans la commune, elle est administrée par un conseil pris parmi les sociétaires qui versent une cotisation en argent ou en nature. La loi du 14 avril 1893 leur a reconnu la personnalité civile, et elles comptent aujourd’hui 482 682 sociétaires possédant un actif de 14 millions. Leur capital dépasse ainsi dès maintenant de beaucoup toutes les sommes que le gouvernement aurait jamais pu mettre à la disposition des populations en cas de calamité. Non seulement elles viennent en aide à leurs adhérens dans les mauvaises années, donnent des secours temporaires aux ouvriers agricoles ou cultivateurs pauvres gravement atteints par les maladies ou les accidens, mais elles les aident de leur crédit pour leur permettre soit d’étendre leurs cultures, soit d’améliorer leur bétail et de se procurer des instrumens agricoles perfectionnés : c’est en grande partie par leur intermédiaire que, dans la seule province d’Oran, les indigènes ont acheté près de 10 000 charrues françaises depuis quelques années.

Les œuvres d’assistance publique se développent de leur côté. Jusqu’en ces dernières années, on s’était contenté d’ouvrir aux indigènes l’accès de nos hôpitaux civils. Mais ces établissemens, organisés surtout pour nos nationaux, ne répondaient ni par leur aménagement, ni par leur régime, à leurs besoins. En outre, ils étaient trop peu nombreux et situés à de trop grandes distances les uns des autres pour assurer le service hospitalier d’un territoire aussi vaste que celui de la colonie comptant une population aborigène sur laquelle sévissaient de nombreuses affections. Un premier progrès sérieux fut fait, en 1853 par la création des médecins de colonisation dont les soins étaient dus