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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/689

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internées qu’à titre provisoire et sont placées en conséquence, dans un quartier d’observation spécial, ou, à défaut, à l’infirmerie de l’asile, et inscrites sur un registre spécial.

Le malade placé dans ces conditions est l’objet de toutes les formalités prévues déjà par l’ancienne loi : envoi, dans les vingt-quatre heures, du rapport médical au préfet et au procureur de la République ; visite du médecin inspecteur au malade placé dans un établissement privé ; envoi du compte rendu de cette visite au préfet et au procureur de la République ; nouvel envoi d’un rapport médical, quinze jours après l’entrée du malade (article 17 du projet Dubief).

On conçoit la préoccupation du législateur Il y a des troubles psychiques transitoires d’ordre dégénératif ou liés à une infection ou intoxication passagère qui, tout en nécessitant un isolement du malade pendant quelques jours dans un milieu approprié, ne motivent pourtant pas un internement dans un asile fermé. À l’hôpital d’observation, le diagnostic pourra se faire dans les conditions les plus favorables. La loi de 1838 n’a pas prévu des quartiers d’observation, en quoi elle se montre évidemment inférieure au projet adopté par la Chambre.

Dans toutes les lois sur les aliénés, une des plus grosses questions est leur entrée dans un établissement spécial. Tout le monde s’accorde aujourd’hui à reconnaître que la première indication, la plus urgente, dans le traitement de la plupart des aliénés, c’est de les isoler de leur milieu habituel. Seulement, il y a isolement et isolement.

De tout temps, on a isolé les fous ; il arrivait même qu’on oubliait totalement de les examiner et de les soigner. C’était là une mesure purement policière qui avait pour unique objectif de les empêcher de troubler la tranquillité des personnes de leur entourage. Avec Esquirol, l’isolement des malades devient un moyen thérapeutique adopté depuis par tous les aliénistes. Il a pour but de modifier la direction vicieuse de l’intelligence et des affections des aliénés ; il permet de les soustraire aux diverses causes extérieures qui ont provoqué leur folie ; il aide à vaincre la résistance de ces malheureux à recevoir les soins médicaux dont ils ont besoin, à suivre le régime alimentaire ou hygiénique qui convient le mieux à leur rétablissement. Toutefois, il est reconnu que ce moyen ne doit pas s’appliquer invariablement à toutes les affections mentales. Il est nécessaire dans