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déterminé, qui devait avoir pour organe le « Bureau des Républiques américaines » établi à Washington, et entretenu par les membres à frais communs.

La conférence avait excité un instant la curiosité américaine. Elle fut vite oubliée. Aux Etats-Unis, les efforts continuèrent pour l’exploitation des richesses nationales : il y avait trop d’entreprises rémunératrices dans le pays même pour que l’on songeât à en engager d’autres plus aléatoires au dehors. Blaine ne trouva, pour soutenir ses idées, aucun appui dans l’opinion. Quant aux républiques sud-américaines, elles continuèrent leur politique de révolutions et d’hostilités intestines.

La guerre contre l’Espagne et ses suites : l’occupation de Cuba, l’annexion de Porto-Rico, des Hawaï, des Philippines, mit les Etats-Unis en posture délicate vis-à-vis des nations de l’Amérique latine. L’impérialisme yankee fut mal accueilli par elles. L’échec subi par l’ancienne mère patrie froissait ses descendans dans leur orgueil, et ils ne voyaient pas sans appréhension augmenter encore la puissance de la grande République du Nord. Pourtant, grâce à la clause qui décidait que l’Union internationale des Républiques se renouvellerait, au bout de dix années, par tacite reconduction pour des périodes de même durée, l’Union continua sans encombre en 1899. A la fin de cette même année, le président des Etats-Unis, M. Mac Kinley, proposa de réunir une nouvelle conférence « pour discuter les questions d’intérêt commun à toutes les Amériques, qui avaient été étudiées, mais non définitivement réglées par la première conférence, et celles qui auraient pu naître depuis cette époque. » Les plans grandioses de 1889 faisaient place à des projets plus modestes : l’arbitrage tenait encore le premier rang, mais il ne s’agissait plus d’arbitrage obligatoire, et les Etats-Unis évitaient de trop montrer leur désir de jouer le rôle d’arbitres permanens.

Ce qui importait avant tout, c’était de calmer les appréhensions qu’avait fait naître la guerre de 1898 : « Il n’y a rien de plus important, au point de vue politique, — disaient les instructions des délégués américains, — que de convaincre les Républiques de l’Amérique latine que les États-Unis sont les amis de toutes, et qu’ils ne sont les ennemis d’aucune. Pour atteindre ce but, il sera prudent de ne faire aucune proposition radicale, de favoriser la libre expression des vues parmi les délégués des autres puissances, et de ne soutenir que les mesures qui