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n’est nouveau, — entre en scène, un crayon à la main, comme Figaro :


Achevons avant tout la feuille de Bruxelles...
Combien nous faudra-t-il tuer d’Impériaux ?
Il me faut surpasser tous les autres journaux
Par de plus sanglantes nouvelles.
(Il heurte Épiménide et s’en excuse.)

ÉPIMÉNIDE.

Pourquoi vous déranger ? continuez d’écrire.

GORGI.

Il le faut bien, c’est mon état.
Si ces messieurs voulaient souscrire...

ÉPIMÉNIDE.

Pour quel ouvrage ?

GORGI.

Pour un journal excellent
Qui, le matin, dès qu’on s’éveille.
Apprend dans tout Paris ce qui, dans le Brabant,
S’est à coup sûr passé la veille.

D’HARCOURT.

Moi, je ne puis pas concevoir
Comment de Gand ou de Bruxelles
Vous pouvez le matin nous donner des nouvelles.
Tandis que le courrier n’arrive que le soir.

GORGI.

Je n’attends pas les faits, monsieur, je les devine.

ÉPIMÉNIDE.

Mais tromper le public !

GORGI.

Le public est si bon !
Il ne veut qu’être ému, c’est à quoi je m’applique :
Ah ! messieurs, sans l’invention.
Que deviendrait la politique ?