Des lueurs du couchant la demeure se dore.
Assise sur le seuil, ma quenouille à la main,
Je songe que l’époux s’en vient par le chemin
Au rythme de son pas sonore.
C’est ainsi chaque soir. Las d’avoir tout le jour
Mené ses lents troupeaux paître sur la colline,
Il rentre à l’heure émue où le soleil s’incline,
Où la brise parle d’amour.
Je le vois descendant la route qui poudroie ;
Il arrive, soufflant dans sa flûte en roseau,
Il groupe ses brebis, flatte le noir museau
De son chien qui bondit de joie ;
Puis, vers moi s’avançant avec des yeux très doux,
Il prend mes frêles doigts parmi ses doigts robustes,
Et l’un vers l’autre, alors, se penchent nos deux bustes,
Et le Dieu d’amour vit en nous…
— Ce matin, j’ai cherché le miel de nos abeilles,
J’ai mis fraîchir du lait à l’ombre, au bord du puits,
Des branches d’un figuier j’ai détaché les fruits,
J’ai cueilli le raisin des treilles ;