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et continuera de se conformer à leurs intentions ; elle s’abstiendra d’ailleurs, et dans ses deux notes elle en a donné l’assurance expresse et réitérée, de tout ce qui pourrait provoquer ou entretenir l’agitation dans l’ile. — En vérité, on ne voit pas ce que le gouvernement de Constantinople aurait pu demander encore à celui d’Athènes, et on ne voit pas davantage ce que ce dernier aurait pu ou faire, ou dire, ou concéder de plus. La Porte, après avoir mis tout le temps nécessaire à un examen très méticuleux des réponses helléniques, a fini par déclarer qu’elle s’en contentait, et tout danger de condit a été, au moins pour le moment, dissipé.

Sur ces entrefaites, les journaux ont parlé d’une note que les quatre puissances ont adressée à la Porte, et de la réponse que celle-ci y a faite ; mais les détails précis nous manquent encore plus sur ce sujet que sur le précédent. Il est probable que la note des puissances s’appliquait à la Crète et à la Macédoine, et qu’elle avait pour objet de dégager la Grèce de l’espèce d’étreinte que la Porte avait paru vouloir exercer sur elle à propos de la grande île, tout en laissant à la Porte une grande liberté dans les affaires continentales. Nous en jugeons d’après le résumé que la presse a donné de la réponse ottomane. Il est ainsi conçu : « Quand les puissances envoyèrent leur récente note à la Turquie, elles devaient appréhender que la Turquie ne nourrît des sentimens belliqueux à l’égard de la Grèce ; mais cette appréhension est absolument infondée, car la Turquie est résolument pacifique, comme le montre l’histoire de l’année écoulée. Si la Turquie entra en communication avec la Grèce, c’était surtout à cause des agissemens de la Grèce en Macédoine, manifestement dirigées d’Athènes. Elle voulut obtenir des assurances formelles de la Grèce à ce sujet, mais elle ne songea jamais à la mêler au règlement de la question crétoise. » Cette dernière affirmation surprend un peu : les notes-de la Porte à la Grèce, ont été bien inexactement résumées par les agences officieuses, s’il est vrai qu’il n’y a jamais été question de la Crète ; et s’il y en a été question, les puissances étaient fondées à croire que la Porte avait demandé quelque chose à la Grèce au sujet de la Crète. Mais à quoi bon insister ? La Turquie se défend d’avoir jamais voulu mêler la Grèce aux affaires crétoises : il faut voir là l’engagement de ne plus l’y mêler désormais et de traiter la question uniquement avec les puissances. Reste à savoir à quel moment cette question pourra être utilement traitée, c’est-à-dire à quel moment elle aura chance d’être résolue avec le moindre effort et sans provoquer de complications nouvelles. Nous disions, il y a quinze jours, que ce moment ne pouvait pas être immédiat,