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à savoir, l’anglais et le français ; l’un qui est enseigné depuis le commencement des cours jusqu’à la fin, l’autre, à partir de la troisième année secondaire jusqu’à l’obtention du certificat d’études. Ajoutons d’ailleurs que cet enseignement est presque toujours donné, dans les langues originales, par des professeurs étrangers : l’action sur les élèves en est d’autant plus pénétrante. Quant à la partie scientifique des programmes, elle n’est guère poussée plus loin que la trigonométrie, les notions élémentaires de physique et de chimie. Elle semble se limiter strictement aux exigences de l’application pratique. Il est vrai que des administrateurs avisés expriment le vœu qu’on ajoute à ces matières quelques notions d’astronomie et de calcul intégral, voire de botanique et de géologie. Seules les méthodes scientifiques peuvent relever, disent-ils, les facultés de raisonnement et d’observation chez les jeunes Egyptiens. Pour un motif semblable, pour incliner dans le sens européen la mentalité musulmane, ils souhaiteraient aussi que le dessin eût sa sanction dans les examens généraux.

Tel est, dans ses grandes lignes, ce système pédagogique. Deux principes le dominent : d’abord, tout élève doit payer les frais de son éducation ; ensuite, nul n’a droit à un diplôme qu’après avoir passé un examen public. En supprimant la gratuité scolaire, les auteurs de la réforme ont entendu réagir contre l’encombrement des carrières par une foule de non-valeurs et surtout contre le pullulement des déclassés, chez qui le moindre rudiment de culture suscite les plus ambitieuses prétentions. D’autre part, ils ont cru travailler au progrès intellectuel et moral de la masse, en n’attribuant les diplômes et les emplois qui en dépendent qu’au seul mérite des candidats. Autrefois, c’étaient la faveur et le bon plaisir qui décidaient de ces attributions.

A première vue, tout cela paraît fort sensé. Cependant, les patriotes égyptiens critiquent amèrement ce système officiel. Ils dénoncent la suppression de la gratuité comme anti-démocratique et contraire à toutes les traditions du pays : avec ce régime, la classe pauvre, c’est-à-dire la majorité de la population, est condamnée à l’ignorance. En outre, ils réprouvent le parti pris gouvernemental de sacrifier l’enseignement secondaire à l’enseignement primaire et d’empêcher le développement d’un enseignement supérieur vraiment digne de ce nom. Ils reprochent à