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NOTES D’UNE VOYAGEUSE EN TURQUIE
(AVRIL-MAI 1909)

III[1]
GENS ET CHOSES DE PROVINCE


Andrinople, 29 avril.

Cette maison de bois, en plein quartier turc, cette maison qu’habitaient naguère un pacha rébarbatif et sa mystérieuse épouse, c’est pour moi le foyer familial et un coin de patrie retrouvée.

Sous la vérandah qui prolonge le salon, nous sommes assis après déjeuner. L’odeur du café se mêle au parfum opiacé des cigarettes, et mes hôtes et leurs amis m’expliquent la Turquie nouvelle où je vais vivre quelques jours parmi eux.

Devant nous, un bel arbre vert et blanc couvre le petit jardin de ses fleurs et de ses feuilles ; et d’autres jardins blancs et verts se confondent en un seul verger immense. Hors de ces fraîches verdures et de ces fleurs, surgissent des toits de brique brunie, des coupoles pâles, des minarets que les pigeons sauvages prennent pour colombiers, et que surmonte parfois la silhouette d’une cigogne méditative. Une rivière, largement répandue dans les sables, miroite entre les bouquets de peupliers, et la plaine finit là où se dressent des montagnes bleues…

On vient de m’apprendra que ces montagnes, ce sont les Rhodopes,

  1. Voyez la Revue du 15 juillet et du 1er  août.