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AU
COUCHANT DE LA MONARCHIE[1]

V.[2]
LA VICTOIRE DE TURGOT — LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE


I

Le secret désir de Turgot, en insistant pour la prompte entrée de Malesherbes dans les conseils du Roi, était de trouver un allié en vue des luttes qu’allait prochainement entraîner l’assemblée du clergé, assemblée ouverte en juillet pour ne prendre fin qu’en décembre. Ces assises solennelles, où l’épiscopat discutait les affaires ecclésiastiques, se tenaient, d’après la coutume, à intervalles réguliers de cinq ans. Elles se terminaient par le vote d’un don gratuit au Roi[3], dont l’importance variait selon les circonstances. La session de 1775 s’annonçait comme fort agitée, et réchauffement des têtes faisait prévoir des débats orageux. Un trouble profond, en effet, régnait parmi le haut clergé de France, par suite du progrès grandissant de la

  1. Copyright, by Clamann-Lévy, 1909
  2. Voyez la Revue des 1er et 15 février, du 15 septembre et du 1er octobre 1909.
  3. Cette appellation était fondée sur la prétention séculaire du clergé de ne pouvoir être taxé par le pouvoir temporel et de n’accorder de subsides que proprio motu. En fait, chaque fois que le souverain le jugeait nécessaire, on convoquait l’épiscopat en assemblée extraordinaire et on le pressurait selon les besoins du royaume.