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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/881

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mais la très grande majorité de la population se déclara satisfaite. Même le Congrès du Het Volk vota à l’unanimité une motion de gratitude.


V

Une tendance fédéraliste enveloppant la colonie du Cap et le Natal s’était manifestée dans l’Afrique du Sud avant que le retour au pouvoir du parti libéral en Angleterre eût donné aux colonies annexées l’assurance morale d’une prochaine émancipation. L’intensité s’en accrut rapidement aussitôt que la question de l’autonomie fut réglée. Le sens pratique des populations ne se méprenait pas sur les difficultés de l’entreprise ; il leur en montrait aussi les avantages. De la conscience des responsabilités naissait un esprit national, apercevant devant lui d’autres perspectives que celles de luttes ou de compétitions stériles. La nécessité de résoudre les conflits d’intérêts paralysant l’essor de chaque colonie apparut alors si évidente que le mouvement en faveur de l’institution d’un pouvoir central devint populaire même parmi les membres du Progressive party, représentant au Transvaal les intérêts des colons, négocians et industriels anglais.

L’émancipation des colonies boërs, due à l’initiative de la métropole, avait été inspirée par des considérations d’ordre politique. Le mouvement unioniste, émanant des colonies elles-mêmes, a été surtout déterminé par des circonstances de fait.

Vers la fin de l’année 1905, lord Selborne, fonctionnaire expérimenté et d’humeur conciliante, avait remplacé lord Milner. Ce dernier avait rétabli l’ordre matériel en Afrique australe, mais non l’harmonie. Les intérêts des deux colonies autonomes étaient en opposition fréquente avec ceux des deux autres placées sous son administration directe, et le fait de la différence des régimes ne favorisait pas les accords. Cependant, lord Milner croyait indispensable, au moins pour un temps assez long, le maintien de cette situation. La concession de l’autonomie au Transvaal et à l’Orange était à ses yeux une grave imprudence, y préparant la domination exclusive des Boërs. Son idéal était une Afrique australe anglicisée.

Le nouveau Haut-Commissaire, quoique nommé sous le gouvernement de M. Balfour, ne partageait ni les désirs de son