chicorée. L’impôt sur le sucre notamment n’existait plus. Quant aux droits de douane, ils ne portaient que sur une quinzaine d’articles ; les voici tous : le cacao, le café, la chicorée, les fruits secs (raisins de Corinthe, figues et pruneaux,) le thé, le tabac, le vin, la bière, le chloroforme, le collodion, l’éther et les objets dans la fabrication desquels entrait l’alcool, enfin les cartes à jouer pour tenir compte du droit de timbre sur le même article d’origine britannique. Voilà toute la nomenclature des droits de douane anglais en l’année 1893[1]. On voit que l’Angleterre avait presque réalisé le programme connu sous l’étiquette : « la table libre de toute taxe. » Il restait, à la vérité, les droits sur la bière, très modiques d’ailleurs, et sur quelques rares denrées coloniales.
Les taxes directes britanniques étaient, elles aussi, singulièrement légères. La principale, c’était l’Income tax ou impôt sur le revenu ; on sait qu’il est cédulaire, c’est-à-dire ne porte que sur les différentes sources de revenu, sans totalisation ; celle-ci peut être réclamée, toutefois, par le contribuable qui désire profiter de l’immunité complète accordée aux très petits revenus et des réductions consenties aux revenus moyens : l’immunité alors existait pour tous les revenus au-dessous de 150 livres sterling (3 750 fr.) ; elle a été portée depuis lors à 160 livres (4 000 fr.) ; quant aux réductions (abatements), elles étaient accordées alors aux revenus de 150 livres à 400 livres (10 000 fr.) ; elles ont été, depuis lors, considérablement élargies et s’appliquent maintenant aux revenus inférieurs à 700 livres (17 500 fr.).
Cet impôt britannique sur le revenu, jusqu’à un temps assez récent, était, d’ailleurs, singulièrement modique : pendant les cinq années écoulées de 1889 à 1893, il fut uniformément de 6 pence par livre, soit de 2,45 pour 100 en chiffres ronds ; en 1894, il fut porté à 7 pence, soit 2,85 pour 100 environ. Ajoutons pour compléter le tableau que les droits de succession, très, divers alors et archaïques, grevaient, tous réunis, de 7 583 000 livres ou de 190 millions de francs la transmission des héritages, dont le montant était évalué à plus de 5 milliards 500 millions de francs ; le droit moyen, en ligne directe et en ligne collatérale réunis, était donc au-dessous de 3 et demi pour 100, perception assez notable, mais non écrasante.
- ↑ Voyez le Statistical Abstract for the United Kingdom in each of the last fifteen years from 1879 to 1893, p. 26 et 27.