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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/566

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radicale ou socialiste aurait moins d’empressement à formuler des projets de ce genre.

Il est encore temps de s’arrêter dans l’établissement de cette taxation révolutionnaire. Il faut renoncer nettement et définitivement à toute fiscalité de lutte de classes, à l’impôt complémentaire ici, à la supertax de l’autre côté de la Manche. Il faut écarter tout impôt progressif, le virus de la progressivité ne pouvant être contenu, une fois introduit dans le corps social. Il faut repousser toute constitution de monopole. Il faut enfin revenir, en les améliorant dans leur forme, en les tenant toujours au courant des faits nouveaux, mais sans en changer le caractère, aux impôts généraux, uniformes, portant sur l’ensemble des citoyens, et non sur quelques catégories spéciales, impôts essentiellement réels, en recourant, là où la complexité des conditions l’exige, à des signes extérieurs bien choisis, plutôt qu’à l’inquisition et aux primes à la dénonciation. On doit aussi refréner l’étatisme, dont le développement a été la cause principale de cette fiscalité révolutionnaire. C’est à ce prix seulement qu’on pourra jouir de la paix sociale, de bonnes finances à rendemens certains et croissans, d’une situation économique prospère et progressive.


PAUL LEROY-BEAULIEU.