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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/611

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ministre de Prusse, comme dans un moulin ; on copie sur la table de son cabinet ses dépêches les plus secrètes. Le 1er juillet 1816, un agent écrit : « Il a été de nouveau impossible de se procurer les rapports du comte de Goltz. Il vient de faire changer subitement les serrures des tiroirs du bureau où il les place. Pourtant, il ne laisse percer aucun soupçon contre les agens qui se procurent ces rapports. L’un d’eux, étonné d’une précaution si remarquable, a fait des questions à M. Wustrow, secrétaire de l’ambassade, qui lui a répondu que « le comte de Goltz avait reçu de Berlin l’avis de se tenir sur ses gardes, relativement à ses papiers secrets et qu’au temps où nous vivons, il fallait se méfier de tout le monde. »

Six mois plus tard, le 18 janvier 1817, les agens qui, durant cette période, ont très librement exécuté leur mission, se heurtent à de nouvelles difficultés. « On a, dit l’un d’eux, pénétré cette nuit comme les précédentes fois dans le bureau secret du comte de Goltz pour y chercher son dernier rapport du 15 ; mais, par extraordinaire, on ne l’a point trouvé. Les observateurs ont été réduits à copier seulement une partie des rapports du 1er et du 9, qu’on n’avait point encore donnés ; ils espèrent avoir la suite pour demain et peut-être aussi le rapport du 15. » Le 10, ce rapport du 15 n’est pas encore retrouvé. Mais on met la main sur la minute définitive de celui du 9 dont on peut copier le texte intégral, « qui ne manque pas d’intérêt. » La note qui le constate se complète du renseignement suivant : « Hier, le comte de Goltz était chez lui avec le baron de Fagel, ministre des Pays-Bas, le conseiller Schoëll de la légation de Prusse et quelques autres personnes, s’entretenant très vivement des affaires de la France, disant qu’elle était de nouveau sur un volcan, que l’armée d’occupation devait se tenir bien sur ses gardes, que le général Ziethen avait reçu des avis importans pour la sûreté de son corps d’armée, que la population des Ardennes et de la Meuse était dans la plus grande exaspération contre les étrangers, et que tout semblait menacer d’une crise. L’un des observateurs, homme parfaitement sûr, a trouvé moyen d’entendre cette conversation qui a été fort animée. »

Il ne semble pas que les observateurs qui opéraient auprès des autres ambassades aient été aussi heureux que ceux qui assiégeaient la légation de Prusse. Tandis que nous avons sous les yeux la presque-totalité des rapports du comte de Goltz à sa