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1816 et le général le 9 du même mois. J’ai sous les yeux les lettres que chacun d’eux écrivait à l’issue de l’audience et où il affirme répéter ce que lui a dit le Duc d’Orléans. Elles lui attribuent, sinon les mêmes propos, du moins les mêmes dispositions.

Vis-à-vis du visiteur anglais, le prince amené à s’expliquer sur ses intentions, a déclaré qu’il est de plus en plus résolu à ne prendre aucune part aux affaires de la famille régnante. Il est convaincu qu’en 1814 il lui eût été facile de monter sur le trône ; mais il avait trouvé sage de se tenir à l’écart, tant que le souverain actuel serait vivant. Il persévéra dans cette altitude, bien que les ministres anglais lui aient insinué que sa présence serait très utile en France.

« Ici, continue le correspondant du ministre de la Police, Son Altesse fit entrer quelques particularités d’une conversation qu’Elle avait eue avec des princes, des premiers dans l’ordre de succession, dit qu’Elle avait franchement déclaré sa manière de voir, mais que ses opinions avaient été accueillies avec un dédain qui tenait presque de l’insulte ; qu’Elle n’avait pu, dans de pareilles conjonctures, demeurer plus longtemps à Paris et s’était éloignée pour se soustraire à la jalousie que sa présence aurait excitée. »

Vis-à-vis du visiteur français, le Duc d’Orléans est plus explicite encore :

« Il m’a dit avoir reçu la veille des lettres de Paris, qui lui annonçaient les arrestations qui avaient eu lieu et que l’on faisait porter sur des partisans de la Maison d’Orange, qu’il espérait que cet événement tournerait à l’avantage de son propre parti qu’il croyait avoir été affaibli par les intrigues de celui d’Orange, surtout si, selon ce qu’il avait entendu dire, il est vrai que l’Autriche ne soutenait plus la cause de Napoléon II avec sa première aideur ; que, pour lui, il était bien décidé à ne pas s’aventurer en France, qu’il s’était servi de la mauvaise santé de son épouse comme d’un prétexte pour s’excuser de ce qu’il ne se rendait pas au mariage du Duc de Berry et qu’il continuerait de trouver toujours quelque raison pour rester en Angleterre ; qu’il était bien convaincu qu’il ne serait point attenté à ses jours s’il allait à Paris ; mais qu’il était probable que s’il y était une fois, il y serait retenu et empêché de retourner en Angleterre ; qu’à l’égard de Sa Majesté Louis XVIII, il avait