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vient le cœur et les vaisseaux des résistances périphériques ou des défaillances centrales et assure la solidarité de ces divers organes. C’est le système nerveux qui, suivant les besoins de l’organisme, règle la fixation en glycogène par le foie ou la mise en circulation sous forme de glycose des matières hydrocarbonées. C’est le système nerveux qui organise la régulation de la chaleur animale et maintient la fixité de la température comme la fixité de la tension osmotique du sang…

On comprend de plus en plus ce mot de Cuvier, cité par M. Bergson : « Le système nerveux est, au fond, tout l’animal ; les autres systèmes ne sont là que pour le servir. »

De tout ce qui précède il résulte que l’antixénisme apparaît comme une des plus belles démonstrations, qui aient été données depuis longtemps, de la doctrine vitaliste de la maladie avec les vieilles notions de nature médicatrice, d’effort naturel et préservateur vers la guérison.

On ne peut plus définir la maladie par la lésion anatomique, comme l’a si longtemps soutenu l’école organicienne (dont l’enseignement a lourdement et longuement pesé sur l’École de Paris).

La maladie n’est pas assimilable à l’évolution du microbe sur le terrain humain, à la façon d’une graine qui se développe dans du terreau ou d’un œuf qui devient ver dans un fromage, comme on l’avait cru immédiatement après les découvertes de Pasteur.

La maladie est vraiment la bataille de l’organisme vivant contre le germe pathogène.

L’agent morbifique a pénétré dans l’économie, qui se défend et cherche à l’expulser. Le microbe provoque l’homme. Mais c’est l’homme qui fait sa maladie. La maladie est constituée par la vie de l’homme, modifiée par la présence du microbe et la bataille nécessaire.

Quand la crise se produit, quand l’élimination du microbe se fait, c’est l’organisme humain qui fait sa guérison. Et, si notre thérapeutique a facilité ce résultat, c’est en aidant l’homme dans la bataille ; les médicamens apportent à l’organisme humain des projectiles et des munitions contre les microbes. Mais ils ne font pas plus et, quand le malade guérit, c’est bien lui-même qui est l’auteur de sa guérison, comme c’est lui qui succombe, si le microbe est plus fort.