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IV. — LE NÉO-SLAVISME

Cette question politique de l’autonomie polonaise fut le sujet fondamental des premières et des dernières délibérations du Néo-Slavisme, grand mouvement de race qu’il faut définir ici avec précision selon les conditions historiques où il se détermina. Son premier congrès a été tenu à Prague en 1908, au lendemain de l’entrevue de Nicolas II avec Edouard VII : il était caractérisé comme un mouvement nouveau fort différent du panslavisme et qui, dans une certaine mesure, s’y opposait, tout en réunissant les mêmes nationalités et en utilisant l’ancienne organisation de celui-ci. Le panslavisme, avant tout orthodoxe, était anti-européen ; le néo-slavisme est exclusivement anti-germanique : le premier, même au lendemain de Sadowa, se faisait par une émulation en quelque sorte « cordiale » avec le développement panprussien ; le second est en rivalité et même en hostilité avec ce développement. Seuls, s’abstinrent d’assister au Congrès les Ruthènes de Galicie, parce qu’ils sont germanophiles, et les Polonais de Posnanie, en raison de leur situation dans l’Empire des Hohenzollern.

Le mot de panslavisme est entré dans l’histoire européenne en 1830 pour désigner la tendance des populations de race slave « à se grouper en un seul corps politique sous la tutelle ou domination de la Russie[1], « religieuse autant que politique. Cette confédération suscitée par le parti orthodoxe clérical était dirigée contre l’Autriche-Hongrie ; aussi le premier congrès des Slaves de cet empire à Prague, en 1848, fut-il rapidement dissous. En 1867, ils allèrent manifestera Moscou contre le Dualisme ; mais la proclamation du régime constitutionnel n’en avait pas moins porté un coup mortel au Panslavisme qu’acheva de ruiner, chez les Ruthènes de la Galicie orientale, parmi lesquels Moscou faisait sa plus active propagande, la politique d’orthodoxisation brutale envers les Ruthènes de l’Ukraine russe.

Cependant le panslavisme avait exercé une puissance considérable d’attraction sur divers de ces groupes slaves, chez qui la solidarité ethnique, accrue par un instinct de sociabilité

  1. L. Léger, Grande Encyclopédie.