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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/927

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REVUES ÉTRANGÈRES

UN PRINCE « PHILOSOPHE » - LE DERNIER ROI DE POLOGNE


The last King of Poland, par R. Nisbet Bain ; un vol. in-8o, Londres.


Tout le monde connaît le Gâteau des Rois, cette admirable composition où Moreau le Jeune, en 1773, a représenté la Grande Catherine, Frédéric le Grand, et Joseph II d’Autriche, — ce dernier sensiblement plus « petit, » — procédant au premier partage de la Pologne. Autour d’une carte de ce royaume, étalée devant eux, le Roi et l’Empereur se tiennent galamment debout, tandis que, vis-à-vis d’eux, l’Impératrice est assise sur un trône que soutiennent des aigles : et tous trois, chacun à sa façon, désignent la portion du « gâteau » qu’ils ont l’intention de se faire offrir. Les visages, en vérité, ne sont pas aussi ressemblans qu’on les souhaiterait, du moins par comparaison avec les portraits originaux des modèles : mais les gestes ont une exactitude historique et psychologique que tous les documens publiés depuis lors s’accordent à confirmer, nous prouver, ainsi la merveilleuse pénétration morale de l’un des plus parfaits illustrateurs qu’il y ait eu jamais. Le rôle principal, dans la tragi-comédie qui se joue sous nos yeux, le rôle de l’initiateur et du metteur en scène, revient incontestablement à Frédéric II : ayant posé sa lourde épée sur le royaume déjà entamé, le1 héros de Rosbach se penche en avant vers ses deux complices, comme pour leur conseiller de passer outre aux derniers scrupules qui leur resteraient. Son voisin l’Empereur, au contraire, tout en appuyant fortement ses longs doigts