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européenne, il est nécessaire de procéder, après de mûres délibérations et avec précaution, et d’examiner avec soin les mesures qui ont été adoptées, jusqu’à présent à cet égard, ainsi que leurs effets. »

Quelles que fussent à cette époque l’influence et l’autorité de Wellington dans le conseil des puissances alliées, la police française, bien qu’elle tînt le plus grand compte de ses renseignemens et de ses appréciations, n’attachait pas la même importance que lui aux faits dont il s’inquiétait. Au mois d’avril 1817, elle était convaincue que les agitateurs avaient ajourné à la mort de Louis XVIII l’exécution de leurs desseins. Sa conviction s’inspirait des rapports d’un observateur qu’elle avait envoyé temporairement en Belgique et de la confiance qu’elle accordait à ses dires. Son nom nous est inconnu. Mais, à le juger d’après ses observations, ses commentaires, son art de mise au point, il devait avoir été trié sur le volet.

Les libellistes de Bruxelles ne lui semblaient pas dangereux sous le rapport de la haute politique, c’est-à-dire qu’il les croyait incapables de conspirer, « non faute d’intentions, mais faute de moyens. » Peut-être l’eussent-ils fait sans la surveillance de la police belge et surtout de la police française. Mais elles veillaient l’une et l’autre ; elles empêchaient ces folliculaires de faire passer leurs écrits en France, et leurs excitations restaient sans effet. Néanmoins, cet agent dénonçait les communications directes et quotidiennes qui existaient entre Bruxelles et Paris. « On sait ici tout ce qui se passe dans la capitale, comme si l’on y était. Il y a des émissaires qui vont et viennent et qui portent lettres et paquets. La même chose a lieu à Munich et à Constance et il y a un point central à Paris qu’on appelle : Institut impérial. Je parle d’après des données qui me paraissent sûres. » Il avouait cependant qu’il n’était pas à même de tout savoir, vu le caractère temporaire de sa mission. « J’aurais bien pu pénétrer dans plusieurs mystères de ce genre. Mais ma position dans cette ville est équivoque. Je me serais fait présenter aisément dans les meilleures maisons belges et au club. Mais ne devant point rester ici, j’ai refusé les invitations pour éviter tout soupçon et ne faire naître aucune défiance sur moi. Autrement, j’aurais pu mieux réussir. »

Cet aveu prouve au moins que notre homme ne cherchait pas